Depuis l’annonce de leur sortie, on ne parle plus que d’un « miracle », les médias du monde entier en font part comme d’un événement rare, mais cela méritait-il pour autant de surpasser l’autre fait à la une de l’actualité française ? Décryptage.
5 Août 2010, dans une mine de cuivre de San Rose, non loin du désert d’Atacama, au fin fond du Chili, et à plus de 700 mètres sous terre, on apprend que 33 mineurs viennent d’être victimes d’un éboulement et seraient en vie, aussitôt la solidarité entre mineurs va être médiatisée sur le plan international, s’agissant d’un phénomène plutôt rare. Aussi, BFM, fidèle à ses principes, s’atèle à cette affaire longue d’un peu plus de deux mois
Environ 3 semaines plus tard, alors qu’on nous informait quelques jours auparavant que les mineurs étaient sains et saufs, ces derniers, par un ingénieux système de transmission entre la mine et la terre ferme, ont pu envoyer une courte vidéo dans laquelle une dizaine d’entre eux se représentent et adressent quelques mots à leur famille respectives : ils vont bien.
Ces messages de confiance rassemblent encore plus les familles des proches pris au piège, et l’événement prend alors une ampleur considérable.
On estime qu’il faudra de 3 à 4 mois avant de permettre aux mineurs de retrouver leurs familles, en attendant, tous les chiliens s’activent et unissent leurs forces afin de permettre une sortie des plus rapides aux prisonniers, le monde entier suivra jour après jour leur quotidien, et l’avancement des travaux afin de permettre une ouverture longue de plus de 700 mètres de profondeur.
CNN, BFM, Skynews… aucun média ne passe à côté de cette affaire, si bien que certains déplorent peut-être que l’on puisse privilégier cette actualité à d’autre d’une importance égale. Sur twitter, pro et anti-soutiens fleurissent, les médias se doivent certes de couvrir ce genre d’actualité, mais n’y a-t’il pas une certaine sensation de voyeurisme, voire une télé-réalité de mauvais goût ?
Le sensationnalisme est certes présent depuis des décennies, tous médias confondus, mais cette médiatisation ne serait-elle pas la goutte d’eau qui fait déborder le vase ?
Cette abondance d’images permets aux médias étrangers d’alimenter leur reportage, et les nouvelles technologies peuvent en ce sens être malgré tout comme quelque chose de bénéfique aux principaux intéressés, coupés du reste du monde.
Ainsi, les jours passent, la construction d’une ouverture avance, et après les médias, voilà les célébrités qui font preuve de générosité. Aussi, le footballeur David Villa, mondialement connu dans le monde entier pour ses prouesses dans l’équipe espagnole, envoie deux maillots aux mineurs en soutien à ces derniers, plusieurs représentants des deux hémisphères salueront de leur côté le courage de ceux qui ne restent après tout que de simples hommes.
Et puis, le 8 octobre dernier, on annonce qu’un premier puits de secours a enfin atteint ceux qui portent désormais l’image de tout le Chili sur le plan international, on estime qu’ils pourraient remonter dans les 6 à 10 jours qui suivent.
Finalement, il n’aura fallu qu’un peu plus de 3 jours afin de consolider le puits et préparer à aller chercher les premiers mineurs.
L’émotion est immense, et des centaines de journalistes s’empressent de rejoindre les lieux où se vivra l’un des évènements forts de cette année 2010.
C’est François-Xavier Ménage qui représente BFM sur place, et alors que la veille du début des descentes, on annonce différents horaires, les chaines d’informations une nouvelle fois, privilégient le direct, même s’il n’y à rien à dire de temps en temps, toujours afin de susciter l’émotion du spectateur.
Nathalie Lévy poursuit ainsi son édition de minuit ce mercredi matin dans une édition spéciale, en alternance avec Thomas Sotto, afin de suivre minute par minute le début de l’opération : invité spécialiste en plateau, duplex réguliers, à nouveau BFM montre qu’elle reste leader sur la réactivité.
Et puis à 5 heures, comme annoncé la veille, Pascale de La Tour du Pin et Christophe Delay entament Première Edition avec une heure d’avance afin de permettre de suivre la première remontée des mineurs, à 5h10 précises, aussitôt les Chiliens acclament la prouesse et éclatent de joie comme s’il eurent gagné la Coupe du Monde.
Sur BFM, le dispositif reste opérationnel, avec des points réguliers sur l’avancement des remontées, avec un nouveau système d’écran partagé permettant de diffuser un reportage tout en suivant le direct en bas à droite de l’écran, un logo avec le nombre de « sauvés » est régulièrement actualisé en ce jour tout particulièrement spécial.
Heures après heures, les chiliens remontent et rejoignent leur famille, pour le plus grand plaisir des yeux – peut-être un tantinet voyeuristes – de certains journalistes affamés, au grand dam de certaines mères de famille qui espéraient trouver un peu plus d’intimité avec leur maris respectifs, si bien que quelques excès de gestes ont pu surgir quand un des 2000 journalistes s’était aventuré un peu trop près près d’une femme chilienne, heureuse et pleine d’émotion de retrouver sa moitié.
Revenons-en aux mineurs, seraient-ils devenus ce qu’il sont aujourd’hui sans toute cette « surmédiatisation » ? Il suffisait d’imaginer une situation différente de celle qui s’est produite et finalement de passer, malheureusement, à « autre chose », comme tout consommateur d’informations le fait.
Saluons cependant leur courage et leur incroyable optimisme et force morale, qui leur ont permis de tenir le coup près de 78 jours sous terre.
On déplorera cependant tout le sensationnalisme suscitée une nouvelle fois par les médias pour un événement parmi tant d’autres… C.R.
