Première édition : « Nous sommes les mêmes en dehors de l’antenne »

C’est heure de la rentrée, l’heure également pour les confidences. En cette première journée de nouvelle saison qui attend BFMTV, nous avons pu nous entretenir avec le duo désormais inconditionnel de la chaîne, composé de Christophe Delay et Pascale de la Tour du Pin.
Ils n’ont peur de rien, et réitèrent pour une nouvelle année où leur réveil sonnera tôt dans la nuit… Entretien ci-dessous.

Bonjour à tous les deux. Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous revenir sur vos parcours professionnels ?

Christophe Delay : début a Europe 1 en 1992 pendant 15 ans. Parcours varié. Reportage tout terrain, puis la présentation de toutes les tranches d’info. Europe Nuit avec Pascale Clark, puis Europe Midi, et la matinale jusqu’en 2007.

Pascale de La Tour du Pin : Radio France en locale, BFM Business matinale et journaux de l’économie à la mi journée et le soir. BFMTV depuis août 2008. Première Édition depuis avril 2010.

Pourquoi avoir rejoint BFMTV et NextRadioTV ? Pour l’indépendance éditoriale ou parce qu’Alain Weill et / ou Guillaume Dubois vous avaient contactés ?

Christophe : parce que Guillaume Dubois (directeur général de BFMTV, ndlr) me contacte pour la deuxième fois. La première au moment de la création en 2005. Et la deuxième au moment où BFMTV lance la version 3 de la chaîne en 2007. Il me donne carte blanche pour construire la matinale. Je n’hésite pas. À l’époque BFMTV est à peine connue et beaucoup pensent que ce choix est une folie quand on fait la matinale d’Europe 1.

Pascale : J’ai rejoint le groupe lorsque Alain Weill a racheté BFM radio. J’ai eu confiance dans sa vision du paysage audiovisuel et sa stratégie pour la radio à l’époque. Plus de 10 ans plus tard, je ne regrette pas mon choix.

Comment expliquez-vous le succès phénoménal de votre matinale ?

Christophe : Phénoménal… Faut pas exagérer. C’est du travail d’artisan. Un succès dû à la stabilité des équipes, à la bonne entente, à l’antenne comme dans les cuisines. Pas de stars. Il y a boen longtemps que ça ne paye plus. Un souci du travail bien fait. Du détail aussi. Une remise en question permanente. Une réflexion permanente sur la façon de faire évoluer les choses. Avec la rédaction, l’equipe technique, celle plus restreinte de Première Edition. Finalement avec Pascale, pas mal de simplicité et d’exigence.

Pascale : Succès oui, phénoménal pas encore. Je pense que la stabilité de l’équipe, la rigueur que nous nous imposons et le rythme de l’émission participent à cette réussite qui à confirmer.

Souffrez-vous de la concurrence interne de la matinale de Jean-Jacques Bourdin diffusée sur RMC et RMC Découverte ?

Christophe : Pensez-vous un seul instant que le groupe choisisse de se tirer une balle dans le pied en créant une concurrence interne? Non, pas de concurrence mais de la complémentarité.

Quels sont les nouveaux projets pour la rentrée ?

Christophe : l’essentiel pour Première Édition, c’est que l’émission commence désormais à 4h30. 4 heures d’antenne, incarnées de 4h30 à 6 h, par Jean-Rémi Baudot notamment, puis Pascale et moi (note : à l’heure de la réalisation de cette interview, le nom de Céline Pitelet n’avait pas encore été mentionné).
Nous devenons concurrents des radios dès l’aurore entre 4h30 et 9h, jean-Jacques Bourdin compris. Pour le reste, nous restons dans la continuité des années précédentes. Encore plus d’images et de rythme et le retour d’une figure connue de BFMTV. Apolline de Malherbe à la chronique politique à 6h50 et 7h50.

Première édition - Août 2013

Que pensez-vous de la nouvelle grille d’i>TÉLÉ ? (Mise en place le 26 août, ndlr)

Christophe : Une de plus. Bienvenue à Bruce Toussaint, un garçon charmant.

Pascale : Pour la matinale, Bruce Toussaint est une concurrence stimulante. J’ai hâte de découvrir les nouveautés.

Avez-vous déjà été contactés par des concurrents de NextRadioTV, notamment pour animer d’autres matinales ?

Christophe : Oui.

Pascale : Oui, plusieurs fois au cours de la saison. Rester à BFMTV est un choix, je crois en la matinale. Il y a encore beaucoup de choses à vivre et d’éléments à perfectionner. Je ne me suis pas encore lassée. Je viens toujours avec le même enthousiasme à la rédaction la nuit!

La disparition de la matinale de Canal+ va-t-elle davantage renforcer votre duo ou peut-elle au contraire bénéficier à Télé Matin ? (actuellement leader des audiences sur France 2)

Christophe : Elle va sans doute bénéficier à tout le monde mais ce n’est pas forcément là que nous allons chercher les nouveaux téléspectateurs.

Pascale : Les téléspectateurs de la matinale de Canal + choisiront sûrement en fonction de leurs affinités. Il y en a pour tous les goûts. Nous sommes prêts à les accueillir et leur souhaitons d’avance bienvenue !

Quelles sont vos relations avec Jean-Jacques Bourdin ? Pourquoi ne pas faire un programme commun avec RMC Découverte, BFMTV et RMC (synergies encore plus renforcées) ?

Christophe : Excellentes. Un pilier. Mais les synergies ne peuvent guère aller plus loin. Chacun doit garder son identité.

Pascale : Les relations avec Jean-Jacques sont excellentes. Nous nous croisons tous les matins avant son interview.
Les matinales de BFMTV et de RMC sont différentes. À chacune son identité.

 

C. Delay & P. De la Tour du Pin
C. Delay & P. De la Tour du Pin

Comment fait-on pour fonctionner à deux ? Quel est l’ingrédient essentiel à votre entente permanente ? (répartition des sujets, etc…)

Christophe : C’est une entente naturelle. Pas de calcul. Pas de faux-semblants. On se connait par cœur.
Pas de prise de tête. C’est une amie. Ça compte.

Pascale : Je me suis amusée à calculer grossièrement le nombre d’heures de direct que nous avons vécu ensemble : un peu plus de 2 000 !
On se connait par cœur. Pas besoin de se parler beaucoup. Notre duo est une mécanique huilée.

La ténacité est elle suffisante ?

Pascale : C’est un élément essentiel. Il faut aussi une grosse dose de travail et de motivation.

Quelle est votre journée type à BFMTV ?

Christophe : Lever à 2h. À la chaîne à 2h30 après une bonne douche ! À la maison vers 9h30. Sieste de 2 heures. Dej. Sport. De retour à la chaîne de 17 à 20 h pour calage de la matinale du lendemain avec Hervé Beroud et Nicolas Marut qui est le rédacteur en chef adjoint de la matinale avec Cédric Faiche au matin. L’un et l’autre sont essentiels. Nicolas construit avec moi les grandes lignes de la matinale sur la supervision d’Hervé Beroud. Cedric Faiche, l’homologue de Nicolas au matin chapeaute la production, la fabrication, le suivi pendant la matinale…..Coucher à 22h.

Pascale : Lever à 1h30. Arrivée à la rédaction à 2h30. Rédaction et préparation de l’émission jusqu’au maquillage à 5h. Je remonte à 5h30 pour les derniers ajustements. Nous prenons l’antenne à 6h.

Je rentre vers 10h chez moi. Je ne reviens pas à la rédaction le soir mais je travaille de chez moi.

 

Vue depuis la régie.
Vue depuis la régie.

Pensez-vous qu’avancer l’heure de la matinale est la solution pour faire face à la concurrence des autres chaînes d’info en continu ?

Christophe : C’est l’une des solutions. L’un des outils seulement. Une matinale c’est une quantité de variables à l’antenne mais surtout en coulisses.L’équipe technique, la mise en images jouent un rôle capital. Le diable est dans les détails.

Pascale : Avancer le début de la matinale est une très bonne idée. Les radios le font déjà depuis des années et c’est concluant en terme d’audience. Les téléspectateurs qui se lèvent très tôt ont aussi le droit d’avoir une tranche dynamique et actualisée.

L’arrivée de LCI sur la TNT gratuite est-elle encore une menace pour la survie de BFMTV selon vous ?

Christophe : D’abord, ce n’est pas fait. Et quoi qu’il arrive, la concurrence, on connaît.

La vente des magazines de 01net à Marc Laufer aura-t-elle des conséquences sur la chronique Geek ou travaillerez-vous avec La Chaîne Techno 01net ?

Pascale : Nous n’avons pas de chronique Geek dans Première Édition. En revanche, Anthony Morel qui est journaliste spécialiste des nouvelles technologies à BFM Business est déjà venu en plateau pour nous présenter des nouveautés. Il est excellent et disponible si nécessaire.

Un mot sur votre rémunération ?

Christophe : La vôtre ?

Pascale : (Pascale sourit)

Votre matinale est particulièrement innovante. L’iPad est une idée de votre direction ou la vôtre ?

Christophe : Décision collégiale. L’idée vient de la rédaction. La mise en œuvre de l’équipe technique qui regorge de projets. Le recours au drône pendant les inondations du sud-ouest est l’illustration de la créativité des équipes de Béatrice Hemery et Thomas Jumel.

Préférez-vous le journalisme en plateau ou de terrain ?

Christophe : le « journalisme assis » demande les mêmes qualités que le « journalisme debout ». Curiosité, rapidité, concision. Sens du partage. Mes patrons successifs ont choisi pour moi.

Pascale : J’ai fait ce métier pour le journalisme de terrain. C’est d’ailleurs sur le terrain que j’ai commencé ma carrière. La présentation est venue plus tard, par hasard. À l’époque, il y avait trop de pigistes reporters à BFM radio. La direction m’a proposé de faire de la présentation et j’y suis resté… Ça fait plus de 10 ans.

Les critiques qui visent à accuser BFM TV de faire du sensationnalisme ou de l’info spectacle « low-cost », comment les percevez-vous ?

Christophe : Injustes. Il suffit de regarder la chaîne en termes de moyens déployés. « 7 jours BFM » l’émission de grands reportages, c’est du « Low-cost » ? Non, c’est digne d’une grande chaîne.

Pascale : Les critiques positives ou négatives sont essentielles à la progression et à la remise en question permanente.

On ne vous a jamais vus sur BFM BUSINESS. Pas de synergies prévues avec la matinale de Stéphane Soumier ?

Christophe : Non. 2 cibles, 2 télés.

Pascale : Il y a une synergie entre les 2 entités: Nicolas Doze fait sa chronique éco tous les matins à 6h28, 7h28 et 8h28.

Comment avez-vous vécu votre récente altercation avec un grand sportif ?

Christophe : Je suis passé à autre chose dans la minute. Les journalistes peuvent-ils poser les questions qu’ils veulent ?

Votre bonne humeur et le ton tonique de la matinale s’expliquent par une stratégie marketing ou une entente réelle en dehors du cadre de BFMTV et NextRadioTV ?

Christophe : la « stratégie marketing de la bonne humeur », je ne suis pas sûr que cela marche très longtemps… Nous sommes les mêmes en dehors de l’antenne.

Pascale : Une entente réelle. On ne peut pas tricher quand on travaille à côté de quelqu’un en permanence. C’est encore plus vrai avec nos horaires décalés.
Nous sommes devenus amis.

Hervé Beroud (le directeur de la rédaction de BFMTV, ndlr) vous a-t-il déjà proposé d’autres tranches sur BFMTV ? Avez-vous des projets pour RMC Découverte ?

Christophe : Non. Le job est un temps-plein. (il sourit)

Pascale : Non, je suis très bien pour l’instant en matinale. Une émission sur RMC Découverte n’est pas d’actualité.

Un grand merci aux deux amis et collègues de nous avoir accordé un peu de leur temps à cet entretien. Nous leur souhaitons une longue et belle carrière, à BFMTV comme ailleurs, la vie étant faite de choix et d’opportunités à saisir.

Entretien réalisé en juillet 2013 avec le soutien du département communication du groupe NextRadioTV.
Mise en page et introduction par Clément Lucien, questions par Aurélien Giraux.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires à Christophe et Pascale dans la partie commentaires ci-dessous.

Aurélien Giraux

Ancien rédacteur en charge des interviews et communication BFM Business.

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