Le CSA refuse le passage de LCI sur la TNT gratuite.

Un camouflet pour le groupe TF1 et son PDG, Nonce Paolini, qui annonce l’arrêt « probable » de la chaîne.

En 2005, le groupe TF1 avait refusé que sa chaine info intègre « le cimetière » du gratuit, pariant sur une offre améliorée mais payante. Cependant, l’évolution du paysage télévisuel et la montée en puissance de BFMTV a contraint Martin Bouygues, propriétaire du groupe TF1 à revoir sa position. L’amendement à la loi audiovisuelle de novembre 2013, permettant aux chaines de la TNT payantes de demander leur passage en gratuit, a soulevé un espoir pour TF1 qui a fait le constat que le modèle économique des chaînes payantes était dans l’impasse.

C’était sans compter sur la riposte des chaînes concurrentes, BFMTV et ITELE, directement concernées par ce scénario envisagé pour LCI. Une véritable campagne de lobbying et de déstabilisation s’est alors engagée. LCI fait valoir ses 5,9 millions de déficit en 2013, l’étranglement des distributeurs de télévision payante ayant peu d’intérêt à subventionner une chaîne info payante, et menace de licencier ses 103 journalistes et 134 collaborateurs. Ses concurrentes répondent par la faible audience des chaines infos, la fonte de 3,5% du marché publicitaire l’an passé et vont jusqu’à proposer d’embaucher une partie des journalistes de LCI, si TF1 décidait de la fermer.

LCI pouvait « déstabiliser »

LCI

Ce 29 juillet, les membres du CSA ont rejeté la requête de LCI, à l’aune d’une étude économique de 750 pages. Le régulateur affirme « que l’arrivée d’une troisième chaîne gratuite d’information, financée exclusivement par la publicité, pouvait déstabiliser les deux chaînes d’information déjà existantes dont l’une, BFMTV, est arrivée récemment à l’équilibre et la seconde, iTELE, connaît un déficit d’exploitation ». Des arguments déjà formulés ces derniers mois par Alain Weill, PDG de NextRadioTV (BFMTV).

Début juillet déjà, l’Autorité de la Concurrence s’était montrée très circonspecte quant à une diffusion sur la TNT d’une troisième chaine d’information. Non, l’arrivée de LCI en gratuit n’aura pas « un impact marginal » sur BFMTV et iTELE mais elle va « creuser le déséquilibre et potentiellement impacter significativement l’économie des acteurs indépendants de la TNT gratuite ». L’Autorité redoute de voir TF1 aggraver encore plus sa « position dominante » sur le marché de la publicité en commercialisant des réclames simultanément sur TF1, LCI, HD1, NT1 et TMC écrasant la concurrence.

Une fermeture « probable »

Avant même la fin de son recours, le PDG de TF1, Nonce Paolini affirmait envisager la fin de la chaîne au cas où celle-ci continuerait à demeurer sur les bouquets de la télévision payante. Une déclaration qu’il a confirmé au terme de la décision du CSA, lors d’une réunion interne puis au cours d’une conférence téléphonique destinée à la presse, déclarant comme « probable » que LCI n’émette plus après le 31 décembre 2014. Celui-ci a toutefois souligné qu’il ne soumettrait pas de nouvelle demande au CSA à l’avenir, même s’il étudiait « toutes les voies de recours » contre verdict du CSA.

La décision du CSA pourrait donc avoir de lourdes conséquences pour les employés de LCI : « Nous ferons très attention à l’avenir de nos collaborateurs » a souligné Nonce Paolini, quand Catherine Nay, la directrice de l’information de TF1 précise que « tous les salariés ne pourront pas être réintégrées au sein du groupe TF1 ».

Toutefois, à l’issue du verdict du CSA, les propriétaires du Monde composé du triumvirat Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse a confirmé son intérêt pour la chaîne d’information en continu de TF1. « Suite à la décision du CSA de ce jour, les actionnaires du Monde confirment leur intérêt pour la reprise de LCI, complémentaire des activités du Monde et en cohérence avec la transformation en cours du groupe », a déclaré Louis Dreyfus, en s’exprimant au nom de Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, qui viennent également de racheter Le Nouvel Observateur.


Les acteurs de la télévision gratuite saluent la décision du CSA

Après l’annonce de la décision du CSA, l’Association des chaînes indépendantes (ACI), qui regroupe de nombreuses chaînes de la télévision gratuite s’est félicité de la non-rentrée sur le marché de Paris Première, Planète+ et surtout LCI. Le président de l’association, François Morinière, a estimé qu’avec cette décision, le CSA avait reconnu « le rôle des acteurs indépendants, qui contribuent grandement à la pluralité du paysage audiovisuel », ajoutant que l’organe de régulation des médias « garant de la diversification des opérateurs, était donc cohérent avec sa ligne de conduite depuis plus de dix ans ».

De son côté, l’opposant le plus résolu à la rentrée de LCI sur la télévision gratuite, Alain Weill s’est déclaré satisfait « de la décision du CSA de ne pas autoriser le passage des trois chaînes payantes en gratuit, parce que cela aurait profondément déstabilisé le marché de la télévision et celui des chaines d’informations en particulier ».

Clément R.

Ex-fondateur BFMFAN (aujourd'hui NEWSROOM), traducteur de profession, passionné de médias d'information, nouvelles tech., je suis en charge de la responsabilité éditoriale, de la synchronisation des équipes, et du codage de NR.

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