Audrey Szebesta : « La littérature m’aide souvent à comprendre le monde, donc l’actualité »

A BFMTV il y a les présentateurs, les reporters, les JRI, mais aussi ceux qui dans l’ombre et en coulisse travaillent pour vous – nous – faire vivre l’information au quotidien. Sans eux, BFMTV n’existerait pas, ils sont techniciens, cadreurs, réalisateurs…et aussi chef d’édition. C’est à ce poste qu’officie Audrey Szebesta. Ce nom vous est peut-être inconnu, et pourtant, elle joue un rôle primordial dans l’élaboration de votre rendez-vous de fin d’après-midi, BFM STORY. Avec beaucoup de simplicité, Audrey nous raconte son quotidien à la rédaction, ainsi que sa passion pour la littérature.

Bonjour Audrey, merci d’avoir accepté cet entretien. Vous êtes chef d’édition pour le 18h-BFM STORY, émission d’analyse et de décryptage de l’actualité, présentée par Olivier Truchot, expliquez-nous en quoi consiste votre travail.

Audrey Szebesta : Il s’agit de préparer l’émission en entier, à la fois trouver les bons intervenants et préparer le conducteur (le déroulé de l’émission sur ordinateur). De plus, il faut gérer l’heure de direct depuis la régie, au casque, avec le présentateur Olivier Truchot et la rédaction. Et bien sûr je ne suis pas seule, mais accompagnée d’une super équipe en régie, d’un réalisateur, d’une personne chargée du son, etc. Mon rôle est de faire en sorte que les images, les bandeaux, les titres et les sons soient envoyés au bon moment.

 

Serait-ce une bonne définition que de dire que vous êtes à BFM STORY ce que le metteur en scène et le chef d’orchestre sont au théâtre et à la musique ?

Audrey Szebesta : C’est une belle métaphore je crois, elle me semble assez juste. Construire une émission d’une heure comme une pièce de théâtre ou une musique c’est surtout un vrai travail d’équipe. C’est primordial qu’il y ait une bonne harmonie entre tout le monde pour que le résultat soit le meilleur possible.

Cette harmonie doit se créer avec le temps et l’habitude de travailler ensemble…c’est un plus ?

A.S : Oui, ça fait maintenant un certain temps qu’on travaille ensemble sur cette émission avec Olivier et le reste de l’équipe, et on peut dire que c’est un plus.

 

Comme pour une pièce de théâtre, on n’est jamais à l’abri d’un impondérable pendant la représentation, et la machine qui semblait si bien huilée s’enraille… Cela est-il déjà arrivé dans BFM STORY ? Comment réagissez-vous à ce moment-là ?

Audrey en régie
Audrey en régie

A.S : Oui bien sûr, comme dans toute émission en direct, tout peut arriver : un invité en retard, un sujet qui ne part pas, un duplex qui plante, mais c’est assez rare finalement. Mon métier consiste surtout à m’adapter à ce genre d’éventualité, en trouvant au dernier moment une solution de remplacement qui soit la mieux adaptée. Ce n’est pas toujours évident mais ce sont les joies du direct ! C’est aussi ça qui fait le charme des émissions et de ce travail, cette petite adrénaline du direct.

 

Pendant la campagne électorale on a eu droit à « Une journée avec… », qui permettait de suivre un candidat durant ses déplacements, cet été « Une semaine avec » nous a plongés en immersion dans un camping par exemple. Racontez-nous à quoi ressemblerait une journée en immersion avec vous !

A.S : Une journée en immersion commence assez tôt, vers 9 heures, par un point avec Olivier Truchot et la rédaction en chef, sur les sujets qui font l’actu du jour et des idées d’invités et de débats. S’ensuivent la conférence de rédaction du matin et beaucoup de coups de téléphone pour monter les plateaux d’invités -il en faut au minimum cinq par jour-, donc le rythme est assez soutenu ! Vers 13h, je commence à réaliser le conducteur, jusqu’au direct de 18h. Là, c’est quand tout se passe au mieux, car on n’est bien sûr jamais à l’abri d’une grosse actualité qui tombe à 16h ou même plus tard, et qui vient tout bousculer pour finir en émission spéciale !

 

BFM STORY a fait sa rentrée le 27 août (avec Olivier Truchot), des ajustements ont-ils été apportés tant sur le fond que sur la forme pour cette nouvelle saison ?

A.S : Comme le disait justement Olivier Truchot (cf entretien), l’émission fonctionnant bien – et de mieux en mieux même – il n’y aura pas de changement pour le moment. Simplement la possibilité de recevoir plus d’invités en même temps sur le plateau.

 

Comment vous différenciez-vous des autres émissions qui ont plus ou moins le même créneau que BFM STORY ? Je pense à « C dans l’air », diffusée sur France 5 à la même heure, ou I>Télé qui propose de nombreux débats et décryptages de l’actu du jour…

A.S : On essaie simplement d’avoir les meilleurs invités possibles, ceux qui ont fait l’actualité du jour, et de donner du rythme à l’émission. Mais les autres émissions que vous citez ne sont pas découpées de la même manière…

 » C’est toujours très épanouissant de voir le résultat de ce travail à l’antenne  »

Audrey Szebesta

 

Audrey & Olivier Truchot
Audrey & Olivier Truchot

En effet, « C dans l’air » ne développe qu’une seule thématique, avec quatre invités et
trois sujets diffusés… Dans BFM STORY, pour donner du rythme justement, vous avez fait le choix d’aborder plusieurs thématiques ? Qui peuvent d’ailleurs être très différentes les unes des autres.

A.S : Oui exactement. Il peut y avoir quatre ou cinq thématiques, ce qui permet d’aborder tous les grands sujets qui ont marqué l’actualité de la journée. En une heure, le téléspectateur peut entendre les acteurs de l’actualité du jour, sur des sujets diversifiés.

Et j’aimerais rajouter que chaque soir, après une journée de préparation, c’est toujours très épanouissant de voir le résultat de ce travail à l’antenne. C’est une émission à laquelle je tiens beaucoup et réalisée par toute une équipe motivée, rejointe d’ailleurs par Rachid !

 

Oui Rachid M’Barki qui présente les titres à 18h et 18h30…

A.S : Tout à fait, Rachid fait les journaux de 18h et 18h30, ce qui est très important, car même si on est sur du « talk » invités, il ne faut pas pour autant couper les téléspectateurs de l’actualité qui, elle, ne s’arrête jamais. D’ailleurs ça nous arrive de couper les invités pour revenir sur un fait qui nous semble le mériter ! Priorité au direct quoi qu’il en soit !

Audrey Szebesta - Chef d'édition
Audrey Szebesta – Chef d’édition

« Priorité au direct », oui, mais par exemple, sur la mort de Jean-Luc Delarue, BFMTV n’en a-t-elle pas trop fait ?

A.S : Non je ne crois pas, car c’était un présentateur aimé des Français et sa mort a touché beaucoup de téléspectateurs. C’est peut-être le côté « proche » des gens de la chaîne…

 

Vous avez un doctorat de Lettres Modernes, qu’est-ce qui vous a amenée vers le journalisme ?

A.S : La passion pour ce métier et beaucoup de travail. La littérature m’aide souvent à comprendre le monde, donc l’actualité. Mon auteur préféré étant Samuel Beckett, l’absurdité de ses pièces reflète souvent le monde qui nous entoure.

Vous avez en outre abordé le théâtre de Beckett dans vos recherches pour votre doctorat… Plus particulièrement, vous avez travaillé sur la question des « genres » dans la littérature, pourquoi ce choix ?

A.S : Parce que c’est une question qui me semble essentielle dans tous les sens du terme. C’est une question qui touche au plus profond et à l’essence de l’être. Et c’est en même temps une vraie question d’actualité quand on voit les débats sur la parité, le mariage pour les couples du même sexe, qui reviennent en permanence. La question des « genres », c’est une façon différente de traiter le féminisme, sans sexisme envers les hommes, une dérive que l’on constate parfois.

Audrey Szebesta dans la rédaction
Audrey Szebesta dans la rédaction

Au fond, la littérature est le miroir, le reflet de la société ?

A.S : En tout cas elle aide à mieux la comprendre.

La place des femmes dans la société a beaucoup évolué en quelques décennies, sans arriver toutefois à une véritable parité entre hommes et femmes, pensez-vous que les mentalités finiront par évoluer dans le bon sens ?

A.S : Cela prendra encore du temps mais il faut l’espérer. Notamment sur tout ce qui concerne les libertés individuelles et l’égalité entre les êtres. C’est finalement peut-être plus une question d’humanisme que de féminisme.

 

On l’a vu, pour vous les journées sont bien remplies, avez-vous encore le temps de lire et de découvrir de nouveaux auteurs ?

A.S : Un peu moins c’est vrai, car je consacre beaucoup de temps à BFMTV, mais j’essaie le plus possible. J’ai récemment découvert les écrits de Marilyn Monroe, vous me direz que c’est un grand écart avec Beckett, mais finalement pas tant que ça… C’est très intéressant. On ne peut pas dire que ce soit une nouvelle auteure mais ses écrits sont sortis récemment.

Vous lisez Beckett, écrivain, poète et dramaturge, aimez-vous aller de temps en temps au théâtre ? 

A.S : Oui bien sûr. Dernièrement j’ai assisté à la représentation d’une pièce de Tchekhov, Oncle Vania, dans un théâtre parisien. Mais les pièces qui me marquent le plus sont celles de Valère Novarina, mon dramaturge vivant préféré !


A part la littérature et le théâtre avez-vous d’autres centres d’intérêt ?

A.S : Oui, je m’intéresse beaucoup à la politique, et de façon plus légère au shopping et aux voyages !

 

Un grand merci à Audrey pour cette interview pleine de fraîcheur, au cœur de BFM STORY. Retrouvez-la, ainsi que toute son équipe, du lundi au vendredi de 18h à 19h. 

 

 

Mat

Rédacteur en charge des sections et entretiens pour BFM.

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  • Samuel Beckett, voilà qui me fait un point en commun avec celle à qui on doit le mérite d’avoir une émission de débat de de décryptage sans jamais aucun couac !

    Il est vrai que la littérature est souvent le moyen de confondre l’écrit avec l’histoire même de notre société, si bien qu’on en finit par ne plus différencier le vrai du faux !

    Plus sérieusement, je ne pensais pas que le travail de chef d’édition comprenait autant de responsabilité, notamment pour ce qui est de coordonner les lancements de titres, sujets et invités.

    Bravo à Lois pour cette interview pertinente et complète d’une journaliste à qui je souhaite une longue continuation, tout comme à son équipe 😉
    Et bien sûr merci à Audrey.

  • celtin

    Bravo ma tite audrey ^^ je suis très fier de ce que tu as accompli depuis qu’on s’est quitté au collège. Pleins de gros bisous à toi et un très bon courage pour la suite dans ta vie.

  • Cyril16

    Elle travaille dans l’ombre mais mériterait d’être à l’antenne… elle est très jolie !
    C’est vrai qu’on oublie trop souvent toutes ces personnes qui permettent aux journalistes présentateurs d’être à l’antenne…

    Merci pour cette interview 🙂

  • Gabriel

    Ravissante personne, j’ai bien aimé cette interview quelque peu décalé qui met côté ) côté information et théâtre ! Sachant que la télé c’est un peu (pas toujours) la théatralisation de l’information !

    Merci Lois et Audrey

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