A l’occasion de la Semaine de l’Outre-Mer (organisée par Sciences Ô, et dont la marraine est Audrey Pulvar), NEWSROOM a décidé de mettre un coup de projecteur sur l’information dans les Outre-Mer et l’écart d’offre entre la métropole et les DROM. Pour rappel, sur les 66 millions de français, 2 millions habitent dans les départements et territoires d’Outre-Mer.
D’une inégalité de l’information en Outre-Mer
En Métropole, tous les jours les téléspectateurs peuvent regarder 6 journaux à la mi-journée entre 12h et 14h (TF1, F2, F3, C+, M6, D8) et 5 journaux en soirée entre 18h45 et 20h45 (TF1, F2, F3, C+, M6). De l’autre côté des océans, c’est différent. Il n’y a pas le même pluralisme d’information. TF1, Canal+, M6 et D8 ne sont pas présent sur le numérique terrestre et du fait du décalage horaire, les principaux journaux de France 2 et France 3 ne sont pas forcément à des horaires très pratiques pour les ultras-marins. Ainsi, en Guadeloupe, où il y a actuellement 6h de décalage avec la métropole (5h en heure d’été), le 13h est donc diffusé à 19h et le 20h à 2h du matin. La Réunion est un peu mieux lotie : du fait du décalage horaire moindre avec la métropole, mais aussi la diffusion par Antenne Réunion des journaux de TF1 comme journaux de fin de soirée (22h).
Autre inégalité : celle sur l’info en continu. Une seule chaîne info gratuite est diffusée sur la TNT ultra-marine : France 24. iTELE est disponible dans les offres de bases de CanalSat, SFR et Orange Caraïbes, LCI dans celle de CanalSat, BFMTV uniquement chez SFR. Ces offres vont de 9 à 64 € (internet compris ou pas). Malgré tout, ATV (pour Antilles TV), chaîne du câble et satellite antillais, diffuse un nombre important des journaux de BFMTV. Cette chaîne est aussi disponible sur la TNT en Martinique.
Mais pourquoi les chaînes de la TNT métropolitaine, et notamment les chaînes infos, ne sont-elles pas sur la TNT ultra-marine ? Parce que, ça coûte cher. La diffusion de la TNT ultra-marine est limitée, la place sur les réseaux n’est pas extensible et peu de chaînes peuvent s’y installer. Les chaînes privées, par souci d’économie, se concentrent sur la métropole. Malgré tout, le CSA travaille sur le dossier de la TNT, et Patrice Gélinet, chargé de ce dossier, a ainsi annoncé sa volonté de travailler sur un élargissement du numérique terrestre dans les DROM.
Autre bizarrerie qui s’est déroulée en 2012, à la veille de la présidentielle. Lors des vendredi précédent les deux tours de l’élection présidentielle, les chaînes publiques ont coupé leur signal : plus de France 2 ou France 3. Tollé général dans les départements concernés : Guadeloupe, Martinique, Guyane, entre autres. En cause, la période de réserve de 24h survenant avant chaque élection. Ainsi en métropole, la campagne électorale se clôt le vendredi à minuit. Mais, dans les départements concernés, le vote n’a pas eu lieu le dimanche, mais le samedi, en raison du décalage horaire. Il y avait plusieurs choix possible pour les chaînes publiques : soit diffuser une programmation adaptée dans tous les DROM, soit une programmation que dans les départements concernés, soit l’écran noir. Ce sera l’écran noir. Le CSA l’explique ainsi :
Les chaînes ont préféré cette dernière option car il était compliqué techniquement d’envoyer deux signaux différents à l’est et à l’ouest. En coupant le signal, elles ont en fait choisi d’appliquer une sorte de règle mathématique en privant de programmes nationaux les électeurs les moins nombreux, soit les habitants d’outre-mer situés à l’est de la métropole.
Il faudra améliorer ce système en 2017, sans aucun doute. Mais étrangement, aucune recommandation du CSA dans son rapport sur la présidentielle 2012 n’évoquait ce problème.
Parler des Outre-Mer ?
Comment parle-t-on des Outre-Mer en métropole ? Il faut avouer que la part d’information venant des DOM dans les journaux métropolitains est très mince. On en parle lors d’épidémies comme le Zika ou le Chikungunya, lors d’événements météorologiques (ouragans, tempêtes, etc.) ou lors d’événements particulièrement importants (comme la grève générale du LKP en Guadeloupe et Martinique, en 2009). C’est assez maigre.
Pour être informé, en métropole, de ce qui se passe de l’autre côté des océans, comme faire ? Il faut soit regarder les journaux régionaux de 1ère, diffusés sur France Ô entre 4h30 et 8h, soit aller sur France TV Pluzz, où sont disponibles les replays des rendez-vous d’information régionaux d’Outre-mer Première.
Il y a quelques années, France 3 diffusait un Journal des Outre-Mer, à 13h35. Avec l’arrivée de Météo à la carte, il a été supprimé. France Inter diffuse toujours le Journal d’Outre-Mer 1ère durant le 5/7. De même, les résultats des régionales/territoriales dans la France d’Outre-mer ont été peu relayées par les médias nationaux. Pour conclure, la visibilité, en métropole, des territoires ultra-marins est minime.
Espérons que cette semaine permette de mettre un coup de projecteur sur ces territoires qui font partie du territoire national et qui n’ont malheureusement pas les mêmes moyens d’accès à l’information que les métropolitains.